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Venu
de Turquie, l'un des futurs du cinéma
Thomas Sotinel, Le Monde, 22.05.2006
n pourrait parler de la vague
de libido qui a submergé le Festival pendant le week-end avec Les Anges
exterminateurs, de Jean-Claude Brisseau, et Shortbus, de John Cameron.
On pourrait remarquer aussi que le film d'animation numérique s'est décliné
en deux possibilités : d'un côté Nos voisins les hommes, du studio DreamWorks,
héritier de bits et de pixels des celluloid de grand-père Disney, de l'autre
Azur et Asmar, de l'artiste solitaire français Michel Ocelot. Mais, quitte
à retenir un événement de ce premier week-end du Festival, il faut s'arrêter
sur la projection d'Iklimler (Climats), du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan.
Jusqu'au dernier moment, le réalisateur a refusé de montrer son film à
d'autres que les sélectionneurs cannois. Il est venu à Paris "avec
un disque dur", expliquait Thierry Frémaux, et est reparti terminer
son travail.
Car Iklimler a été tourné en Turquie et projeté à Cannes avec des appareils
numériques. Ce n'est pas une première pour le Festival, puisque ce fut
déjà le cas de La Revanche des Sith, de George Lucas, en 2005. Ce qui
est inédit, en revanche, c'est l'utilisation de ce nouveau medium par
un artiste de premier ordre, qui tire tous les partis possibles de l'impitoyable
précision de l'image numérique, de sa profondeur de champ. En voyant Iklimler,
on a eu pendant 97 minutes une image très précise, très séduisante, de
ce que pourrait être l'une des nouvelles formes du cinéma.
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