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Uzak
(Lointain)
Vous allez me dire à la lecture de ce qui précède que 'Uzak' ne doit pas être un film très drôle et que la dépression guette son spectateur. Certes l'humour n'est pas sa caractéristique principale, le film est avant tout introspectif, mais il n'en est pas dénué. Nuri Bilge Ceylan affectionne les longs plans fixes, avec une action parfois suggérée par le seul son. La suggestion est très importante dans son cinéma, ce qui nécessite une attention particulière du spectateur, une fois la porte d'entrée trouvée vous ne devez plus en sortir. Vous resterez même dans le film en quittant la salle. 'Uzak' interpelle et questionnera longtemps le spectateur attentif. Nuri Bilge Ceylan réalise ce film avec une très grande économie de moyens. L'appartement de Mahmut est l'appartement du réalisateur. Les acteurs sont de sa famille. L'interprète de Yusuf est véritablement son cousin, décédé depuis dans un accident de voiture, sa femme est aussi présente, et Mahmut est joué par un ami, un acteur non professionnel. Ceylan s'est nourri d'un certain cinéma, particulièrement Tarkovski et Ozu (voir ses plans fixes). Il se déclare aussi influencé par la noirceur de Tcheckhov. 'Uzak' nous parle des difficultés
d'un homme en crise, de la dualité de l'homme (Mahmut n'est pas seulement
égoïste, il tend par exemple la main à son cousin en l'embauchant comme
assistant le temps d'un reportage à l'extérieur). Le film nous montre
aussi une ville qui piège ses habitants (comme une souris dans la cuisine
de l'appartement de Mahmut...). Les thèmes sont ici universels et devraient
parler à chacun d'entre nous.
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